L’Homme descend du singe ivre ?

L’hypothèse du singe ivre

Le biologiste écossais Robert Dudley a grandi avec un père alcoolique, qui décédera des causes de cette maladie. Un fait marquant qui le motivera, dans son parcours professionnel, à mieux comprendre cette maladie. Lors de travaux d’études dans la forêt panaméenne, il observe des singes manger des fruits mûrs qui contiennent une petite quantité d’éthanol. En 2000, il avance l’hypothèse du singe ivre. Celle-ci consiste à expliquer que les singes ont un penchant naturel vers les fruits bien mûrs (voir un peu pourris). Car la présence d’un faible taux d’éthanol dans ces fruits, stimulant le centre cérébral du système de récompense (d’où la dépendance), est un indicateur que le fruit contient une source importante de calories (1 g d’éthanol contient près de deux fois plus de calories que 1 g de glucides). Pour résumer, cela signifie que le singe va chercher à manger un fruit qui a commencé à fermenter naturellement, car il a une plus forte valeur nutritionnelle, et que cette dose d’éthanol va jouer sur le système de récompense du cerveau, créant une sorte de dépendance. Cela expliquerait le régime fructivore des premiers hommes, puis lors de sa sédentarisation, de son penchant naturel pour l’alcool.

L’hypothèse du singe ivre a été confirmé 20 ans plus tard par des chercheurs de l’université de Californie. En observant les singes araignées aux mains noires vivant dans l’île Barro Colorado au Panama, ils ont constaté que ces primates mangent régulièrement des fruits du prunier mombin contenant une teneur d’alcool entre 1% et 2% (ces fruits sont également utilisés par la population locale pour en faire une boisson alcoolisée). Mais surtout, que lorsqu’ils ont le choix dans leur régime alimentaire, ces singes vont généralement choisir le fruit qui a commencé a fermenté naturellement, plutôt que celui qui ne contient aucune trace d’éthanol. En revanche, l’étude ne nous précise pas si les singes se mettent à twerker juste après…