IPA

Bière IPA : Le Guide Complet & Conseils !

Après quelques années de soirées, des insipides lager industrielles aux bières belges, vous passez dans un bar à bière ou un pote, nouvellement inspiré, cherche à vous faire rentrer dans son milieu d’amateurs de « bonnes bières ». Là, devant le tableau des pressions du jour, vous faites face à 3 lettres qui prennent toute la place : IPA !
En bon soiffard curieux, vous passez commande. Vous accrochez pas mal au délire pendant que votre pote s’accroche au comptoir. Vous y êtes, bienvenue dans un nouvel univers houblonnée…

biere ipa

C’est quoi une IPA ?

Une IPA ou Indian Pale Ale (on y revient après) c’est une bière qui fait partie de la grande famille des « Pale Ale » britanniques (ou « palée aléee « ). Les Pale Ale sont des bières de fermentation hautes. C’est ce qui les distingue des bières de type Lager que vous connaissez probablement mieux. Les lager sont de fermentations basses et brassées avec des levures différentes. Mais revenons-en à notre sujet.

Aujourd’hui, la plupart des IPA que l’on trouve sont fortement influencées par le style américain. Elles sont brassées avec du malt subtilement torréfié qui donne une couleur claire a légèrement ambré à la bière. On y ajoute des levures de fermentation haute : qui fermentent à haute température (environ 20°). En gros, elles ne vont pas atténuer leur action au fur et à mesure que l’alcool monte contrairement aux levures de fermentation basse. On a donc souvent un taux d’alcool plus élevé et plus de caractère.

Mais ce qui donne toute sa magie à la bière IPA, c’est surtout le fait qu’elle contient beaucoup plus de houblon que les autres styles de bière. Les houblons, amérisants et /ou aromatiques, vont permettre de créer des styles tellement variés que vous n’allez plus en sortir !

À quel goût vous attendre ?

Là, c’est plus délicat à définir : il existe une telle variété de houblon, de techniques de brassage et de styles de brasseurs que vous pouvez passer d’une extrême à l’autre. D’une amertume légère et subtile, à forte, en passant par des saveurs résineuses, fruités, florales, agrumes. Si vous testez votre première IPA sans savoir ce que vous buvez et que vous n’êtes pas fan, ne vous braquez pas. Certains industriels ont surfé sur la hype de la IPA en produisant des hectolitres de bières pas terribles. Même les craft IPA, artisanales, peuvent manquer de justesse quand d’autres nous font vibrer le palais. Bref, c’est un univers à part entière qu’il va vous falloir découvrir ! Une bonne excuse pour ne pas boire pour boire mais pour déguster. 😉

origine ipa

L’origine de la Bière IPA…

Sur la plupart des articles à ce sujet, vous pourrez lire cette histoire : la IPA donc Indian Pale Ale, était en fait une pale ale classique que les brasseurs anglais chargeaient en houblon pour lui permettre de tenir le voyage en bateau de 4 mois pour atteindre leurs colonies. Colonies dans lesquelles les soldats et compatriotes britanniques (sacrés soiffards) refusaient de consommer des alcools locaux par peur de tomber malade. Le houblon, de par ses propriétés, aurait la capacité de rallonger la conservation de la bière pour qu’elle arrive à destination sans être détériorée. Une bière pour l’inde donc une indian pale ale : un joli récit !

Mais vrai ou faux ? On ne le sait pas. Aucun écrit n’atteste cette version comme étant véridique. Il est probable que les bières exportées était davantage dosée en houblon pour être stabilisés. Mais rien ne confirme que la IPA était la « seule » bière exportée et que d’autres styles ne pouvait pas tenir le coup. Toujours est-il qu’à cette époque, les brasseries anglaises, les exportateurs, les officiers faisaient tous partie d’une course au business juteux de l’exportation vers la Russie et les colonies britanniques. L’un d’entre eux, le brasseur Georges Hodgson, aurait tiré son épingle du jeu en brassant une pale ale légère et savoureuse et à force de manœuvres politiques en aurait fait la bière la plus hype en Inde. Certains des brassins portaient le nom de « pale ale pour l’inde » d’où l’origine du terme IPA.

Mais bon, personne ne devrait vous reprendre si vous sortez l’anecdote la plus connue au détour d’un comptoir pour vous la péter un peu !

Le degré d’alcool d’une bière IPA (ABV pour alcool par volume) va dépendre de son style et donc peut varier fortement : entre 4 et 12° en général. La moyenne (IPA, Hazy, NEIPA…) se situe autour des 6,5 – 8° et c’est comme ça qu’on les préfère chez Les Soiffards !

L’amertume d’une IPA est matérialisée par l’indice international « IBU » que vous pourrez voir sur certaines bières craft. C’est une note entre 0 et 150. Au plus elle est élevée, au plus la bière est amère. Houblon ne veut pas dire amer donc n’ayez pas peur de découvrir plusieurs IPA. Mais si vous n’êtes pas fan de cette saveur, préférez des IBU entre 30 et 40.

La première étape, c’est le verre. Préférez une forme de verre à vin avec une base large et le haut qui se resserre. Le verre aura ainsi tendance à conserver au mieux les arômes en limitant le contact avec l’air et à les concentrer lors de la dégustation. Désolé de vous dire que vos grosses pintasse au bar de la rue du coin n’ont pas la forme idéale. Après… nous aussi dans la plupart des bars on les consomme comme ça et de toute façon, elles n’ont pas trop le temps de s’évaporer…

Ensuite, pour déguster une IPA « correctement » et percevoir un maximum de saveurs, il faut la consommer légèrement rafraichie aux alentours de 10 degrés et pas glacée. Mais là encore, si vous aimez boire frais, buvez frais ! L’important c’est de prendre du plaisir et de découvrir tous les styles qui s’offrent à vous…

différents style IPA

Les différents types de bières IPA ?

C’est là que ça devient intéressant ! Depuis qu’on est entré dans le monde de la IPA (oui ça fait un peu secte) on n’en est toujours pas lassé car il existe énormément de types de bières IPA. Si vous ajoutez à ça le fait que chaque brassin peut avoir une saveur différente de par les ingrédients, la technique, le style… vous vous retrouvez avec une palette infinie de découverte gustative ! On vous en présente quelques-unes avec en prime une petite recommandation perso dans certains styles qu’on affectionne…

La Session IPA

La session IPA c’est un peu la bière de soif des IPA qui va tout de même vous apporter de belles saveurs. Elle est en général entre 3 et 5°, la saveur la plus intense reste l’amertume mais elle est moins tranchée que dans les autres IPA ! C’est parfait pour commencer un apéro d’été quand il fait encore chaud, mais évitez de la boire après des bières plus fortes, vous ne sentirez plus rien.

session IPA

Hazy IPA et NEIPA

La Hazy IPA appartient à la famille des NEIPA (new england IPA) donc plutôt East Coast. La méthode de brassage est globalement la même avec un houblonnage à cru (dry-hopped) qui consiste à ajouter des houblons en fin de fermentation dans la cuve. De quoi booster le profil aromatique de ces bières sans ajouter d’amertume. D’un point de vue de soiffard, les deux vont dégager des arômes de fruits exotiques, agrumes…

La NEIPA sera plus souvent chargée en flocon d’avoine ou de blé avec un côté texturé, juteux, doux voir crémeu. La Hazy peut dégager plus de finesse, de fraicheur arômatique. Dans tous les cas, elles sont troubles (hazy) grâce aux particules de levures et de houblons, non filtrés, en suspension et ça… ça en jette !

Double et triple

DIPA, double ou imperial IPA, c’est la même chose ! Une IPA qui ravit les accros du houblon en augmentant fortement les doses pour un IBU généralement au-dessus de 60. Un taux d’alcool qui est souvent plus élevé entre 7 et 10 degrés grands maximum. On a d’un côté un profil plus riche en malt (d’où le côté plus alcooleux) et une bonne dose de houblon qui ne laissera aucun espace de vide sur votre palais. L’une des meilleures et qu’on affectionne tant, c’est la double CITRA de chez Cambier. Une merveille d’équilibre entre agrume, houblon, puissance, pureté…

La triple IPA ou TIPA c’est un peu la même histoire que la DIPA, sauf qu’elle a été gonflée aux stéroïdes ! Toujours plus d’alcool, toujours plus de houblon. A boire au coin du feu un hiver bien froid, une belle soupe de houblon. Vous n’en boirez pas plus de 2, à moins que vous soyez un sacré soiffard !

west coast ipa

La West Cost IPA

La West Cost IPA c’est vraiment l’amertume à son paroxysme. Ce sont des IPA issues de la côte ouest américaine ou les fermes à houblons sont plutôt très présentes. Avec ce style, les brasseurs jouent clairement la carte d’une bière affirmée. On aime le houblon, on aime l’amertume, prenez en plein la gueule ! Des arômes résineux, parfois floraux… Un style qui produit des merveilles d’équilibrisme qui nous font penser qu’on avait tort de ne pas aimer l’amertume.
Mais aussi des dérives un peu abusives qui nous assèchent le palais. Encore une question de justesse, comme souvent avec les IPA ! Si vous êtes plus fruits exotiques et agrumes allez plutôt de l’autre côté faire un tour chez les East Coast IPA !

La DDH IPA

Si vous connaissez la brasserie Prizm, vous connaissez la DDH IPA qui fût l’une de leur obsession pendant une longue pèriode. DDH pour double dry hopped IPA qui consiste aussi en un houblonnage à cru, à froid avec des houblons aromatiques (Citra, Cascade… ) une véritable explosion d’arôme ! C’est donc un ajout de houblon en fin de fermentation mais dans des proportions plus importantes. On va s’arrêter là dans les déclinaisons car ça peut aller trés loin… mais si vous aimez les bonnes soupes allez vous faire plaisir !

ddh ipa
milshake ipa

La Milkshake IPA

La milkshake IPA, oui oui… c’est une Hazy IPA mais brassée avec du lactose (le sucre que l’on retrouve dans le lait) et parfois, un ou des fruits en purée. Ce stylé déjanté est très récent et plutôt particulier. Un mélange entre douceur lactique et acidité amenée par le fruit. La problématique c’est que, encore une fois, il suffit d’un rien pour que l’équilibre vacille et qu’on se retrouve dans une acidité trop élevée. Chacun ses goûts mais c’est une bière que l’on a rarement commandé dans nos bars préférés. Testez-là au moins une fois pour vous faire un avis !

La sour IPA

Pour faire simple la Sour IPA, et là on va vous surprendre…est un mélange entre une IPA et une bière de type sour donc « acide ». Le moût de la bière (malt concassé mélangé à de l’eau chaude) est acidifié par l’ajout de bactérie lactiques et / ou de levures sauvages. Ca donne des bières fruités et rafraichissantes. Un profil qui une nouvelle fois nécessite une belle maitrise et peut donner quelques véritables pépites !

sour ipa
cold IPA

La Cold IPA

La Cold IPA est une bière de fermentation haute mais dans laquelle on va utiliser des malts (maïs, orge, pilsner…), des céréales moins communes, et des levures habituellement utilisées pour brasser des Lagers. On se retrouve avec un profil plus sec, frais mais toujours houblonné. La robe est claire et le taux d’alcool généralement plus faible. Certaines restent tout de même bien accentuées sur l’amertume même si elles sont désaltérantes.

La Brut IPA

La Brut IPA est une IPA à laquelle on a ajouté une enzyme qui donne un goût qui vous rappellera celui des vins pétillants d’une célèbre région de France (dont on ne va pas prononcer le nom au risque d’énerver Voldemort) : la glucoamylase ! Le résultat c’est une bière au pétillant affirmé, sèche et légère. Sans être directement comparable, ça reste une belle adaptation de la IPA qui commence petit à petit à se faire une place dans le paysage brassicole.

brut ipa
rye ipa

La Rye IPA

La Rye IPA est un style d’IPA peu connue et qu’on ne trouve pas si facilement partout. C’est simplement une IPA dans laquelle on a utilisé du malt de seigle à la place des céréales habituelles. Ça lui confère un caractère bien spécifique, plus épicé et robuste qui vient donner une rondeur plus rustique à l’amertume habituelle des IPA. Quand c’est bien fait, c’est bon !

Black IPA

Si vous aimez les stouts mais que vous commencez à vous lasser du côté épais et lourd de ces bières, alors la Black IPA est probablement faite pour vous ! On a ici une base d’IPA mais avec des malts bien torréfiés qui vont lui conférer des arômes plus prononcés de chocolat et de café principalement. Ce sont des bières de couleurs foncées mais qui pourtant conservent une légèreté assez surprenante en bouche. D’expérience c’est quitte ou double : soit on aime, soit c’est mal équilibré et là ça dépendra de vos goûts personnels.

black ipa

Conservation & dLUO

La durée de conservation d’une IPA est au mieux de 5 à 6 mois. La bière a tendance à se déteriorer et à perdre en qualité, en saveur avec le temps… vraiment dommage quand on boit une IPA principalement pour la complexité de ses arômes.
Le sujet fait un peu débat, c’est difficile de donner une durée précise mais on va dire que l’idéal c’est de la boire dans le premier mois aprés sa production. Bien fraiche ! On peut aller à quelques mois si elle a été conservée au frais, entre 4 et 16 degrés et à l’abri du soleil. Les bieres à forte concentration en houblon ont trois ennemis en commun : la température, l’oxygène et les rayons du soleil. C’est l’une des raisons du conditionnement en canette qui permet une bien meilleure conservation.
C’est cool pour la théorie, mais dans la réalité on ne va pas gaspiller et être aussi tatillon: peu de caves ont suffisamment de moyen pour stocker toutes leurs IPA au frais, le transport ne se fait pas toujours en camion réfregiré, sans exposition au soleil… Une IPA dont la DLUO (date limite d’utilisation optimale du produit) est dépassée ne sera pas forcément mauvaise. Parfois ça permet de se payer une Buxton, habituellement à 12 euros la canettes, pour seulement 7 euros !
Oubliez l’astuce du « fait une pression sur les flancs de la canette, si c’est trop rigide c’est que la bière est dépassée ». C’est une fausse idée qui n’a en fait aucun sens car ça peut être du à bien des critères et parfois c’est même potentiellement bon signe.

Pourquoi vous devez absolument boire de l’IPA dans votre vie ?

Si vous êtes arrivé jusque là et que vous vous posez encore la question de pourquoi boire de la IPA… c’est que vous n’avez pas bien lu l’article alors recommencez ! 😉
Plus sèrieusement (ou pas), si vous aimez les bières, que vous êtes curieux et que vous appréciez le côté dégustation. Ne passez pas à côté de cet univers qui vous donnera l’occasion de passer une vie, en soirée, en apéro, en voyage à découvrir des brassins toujours plus fou les un que les autres. Et accessoirement à être critiqué de bobo hipster par vos potes qui restent fidèle à la Paix Dieu. Prions pour leur palais !

Auteur de l'article :

Merlin Salerno | Fils de Vigneron - Sommelier & Caviste en vadrouille dans le monde | Instagram X

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